LES CINQ RÉPUBLIQUES DE
L'AMÉRIQUE CENTRALE


COSTA-RICA – GUATEMALA
HONDURAS – NICARAGUA – SALVADOR

PAR LE
COMTE MAURICE DE PÉRIGNY
CHARGÉ DE MISSION
1919

Nous avons volontairement reproduit tel que les particularismes orthographiques et grammaticaux des textes afin d’en préserver la spécificité de l’époque…

        Quand je suis arrivé à Puerto Limon, fin août 1909, il y régnait une certaine animation. C'étaient les élections présidentielles. On voyait des groupes arrêtés S1J.r les trottoirs ou au milieu des rues ; les revers des vestons étaient ornés de boutons bleus ou rouges, les chapeaux enrubannés de mêmes couleurs. La lutte, circonscrite entre deux candidats représentant deux partis très distincts, était fort vive. L'un des candidats, un ancien président qui fut pendant huit ans un dictateur, était soutenu par l'évêque, le clergé, et les Américains, l'autre, président de la Chambre des députés, étant appuyé par la majorité à cause de son caractère ferme et intègre, de son programme d'opposition à la politique d'accaparement nord américaine. C'est ce dernier, don Ricardo Jimenez Oreamuno, qui l'a emporté, avec une majorité considérable. Malgré l'effervescence des esprits, les élections se sont faites dans le plus grand calme, avec une régularité parfaite, et les soi-disant crimes annoncés par la presse des États-Unis n'ont jamais été commis. Grâce aux efforts personnels du président, la loi a été partout respectée, et c'est un des plus beaux titres de don Cleto Gonzalez Viquez que cette neutralité absolue, cette liberté complète assurée à tous, ce respect de la loi, que pourraient lui envier des nations plus vieilles. Le peuple entier de Costa Rica a donné là un bel exemple de dignité civique, tandis que son gouvernement, par son impartialité absolue, donnait une fière leçon de libéralisme.

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        La ligne de chemin de fer qui relie Puerto Limon à San José est longue de 166 kilomètres et le trajet se fait en six heures. C'est un des plus beaux parcours que l'on puisse faire; il est comparable à celui du chemin de fer de Ceylan. On 'longe quelque temps la mer, puis on pénètre .dans la forêt, et c'est alors toute la splendeur d'une végétation tropicale, le taillis épais et vivace des palmiers de toutes sortes, des plantes aux feuilles larges et diverses, nuancées de rouge et de jaune.
        On traverse ensuite la région des bananiers, plantés régulièrement en longues files parallèles. Près des stations, de petites maisons de bois apparaissent, bâties sur pilotis, carrées, avec un toit couvert de feuilles de tôle et une plate-forme sur laquelle se prélassent des nègres riant de leur large rire stupide. Toute cette région leur appartient, on ne voit guère qu'eux et l'on n’entend parler qu'anglais, et quel anglais !
        On passe à Matina, sur la rivière Matina, jadis un centre important pour la culture du cacao, fondé en 1639 et qui avait été de suite relié à Cartago par une route de ISO kilomètres de longueur. En 1737 on comptait 273.138 arbres.
        La voie ensuite s'engage dans la vallée du Reventazon, qui prend naissance au sud de Cartago, longe le torrent bouillonnant aux bords escarpés, couverts d'arbres auxquels s'accrochent les guirlandes de lianes. On quitte bientôt le niveau du fleuve et on s'élève rapidement ; le chemin ide fer passe sur de minces viaducs au-dessus de gorges profondes, au fond desquelles art voit en se penchant les restes des premiers ponts de fer arrachés par le torrent. Ce sont des courbes vertigineuses à flanc de coteau, au-dessus du fleuve qui apparaît comme une ligne blanche dans le fond de la vallée sauvage, entre les arbres touffus de la forêt. On devine toute la vie intense du sous-bois, la multitude d'oiseaux d'Une merveilleuse beauté dont on connaîtrait, paraît-il ; 725 espèces.
        Les palmiers ont somplètement disparu; de temps à autre, près de maisons isolées, on aperçoit les taches vertes d'un groupe de bananiers.
        L'Irazu apparaît, la tête couronnée de nuages, l'air devient hais et remarquablement pur; nous sommes sur le haut plateau, Le décor a changé; ce sont maintenant de verdoyants pâturages rappelant ceux du Jura. Voilà Cartago, l'ancienne capitale, aux belles rues spacieuses, où coule une jolie eau limpide, soit au milieu, soit sur les deux côtés, Elle dort paisiblement au pied du volcan grandiose qui lui donna souvent de terribles réveils.
        On monte jusqu'à 1.600 mètres, à El Alto, pour descendre sur San José, la capitale actuelle, à 1.135 mètres, au delà de laquelle surgissent, majestueux, couverts de verdure jusqu'au sommet, les puissants volcans du Poas et de Barba.

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        Une belle avenue mène de la gare au centre de la ville, laissant à gauche un joli parc bien dessiné, orné de plantes exotiques, malheureusement délaissé par le public qui le trouve trop éloigné. Au milieu de celui-ci se dresse un beau monument élevé en souvenir de la guerre de 1856 et dû au ciseau du sculpteur français Carrier-Belleuse. Ce groupe de paysans transformés en soldats, de femmes vêtues en hâte d'une simple chemise, d'où jaillit un sein ferme et harmonieux, symbolise bien la réponse sublime du peuple costaricien a l'appel de la patrie en danger, l'effort subit et général pour repousser l'ennemi envahisseur, Walker, le flibustier nord américain.
        La ville de San José est construite par rues parallèles et perpendiculaires, avec deux rues principales sillonnées par des tramways électriques et où se trouvent un grand nombre de magasins importants et bien approvisionnés, Les rues sont propres, malheureusement très défoncées par les pluies. Les trottoirs sont vraiment trop étroits, surtout dans ce pays où l'on a encore le respect de la femme, et où la coutume veut que l'on s'efface toujours du côté de la rue pour la laisser passer, fût-elle une paysanne.
        Le matin, quand on s'éveille dans cette atmosphère si pure, avec ce beau soleil colorant le cirque magnifique de montagnes qui encadre la petite ville, on ne peut s'empêcher d'un élan de sympathie. San José a un charme spécial, elle a à la fois le calme d'une petite ville de province et le mouvement d'une capitale. Elle ne compte pourtant que 30.000 habitants, mais située au milieu du plateau central, à proximité de Cartago, de Heredia et d'Alajuela, reliée par le chemin de fer aux deux océans, elle est le cœur même du pays -t s'anime du va-et-vient continuel des passagers qui la traversent.
Toute la matinée, le mouvement dans les rues est considérable ; les gens sont paisibles, simples et polis. Ils ne gesticulent pas en parlant, et, s'ils causent avec vous, ils ne s'arrêtent pas brusquement sur un trottoir, au risque d'entraver la circulation, pour mieux ponctuer la force de leurs arguments. La tenue générale est très correcte : les gens de la campagne sont vêtus à l'européenne, mais beaucoup conservent l'habitude de marcher pieds nus. Ils sont la plupart d'une bonne taille, sains et robustes, le regard franc, la physionomie ouverte. Ils ont toujours avec eux leurs alforjas, ce sac spécial au pays et extrêmement pratique. Il est fait de deux grosses sacoches en cuir épais avec une poignée, et reliées par deux larges courroies en cuir. A cheval ils le placent sur leur sellé, une sacoche pendant de chaque côté; à la ville, ils le portent par les poignées ou le suspendent sur l'épaule par l'une des courroies, ou bien encore, lorsqu'il est trop lourd, ils placent une sacoche Sur leur dos et l'autre sur la poitrine en se servant des courroies comme de bretelles.
        Les femmes passent nombreuses; souvent jolies, elles sont toujours gracieuses avec leurs cheveux bien coiffés et leur taille charmante enroulée coquettement dans de grands châles de soie aux couleurs chatoyantes. Les yeux noirs ou bleus sont vifs, les traits délicats, la peau est très blanche, l'ovale du visage très pur. Beaucoup de jeunes filles s'appliquent même à relever encore la fraîcheur de leur teint et la vivacité de leurs yeux par un maquillage malheureusement inhabile et souvent trop abondant.
        Dans la' journée, tout le monde fuit l'ardeur du soleil ou les averses torrentielles pendant la saison des pluies. Le soir, on se promène devant les boutiques brillamment éclairées, au parc central et au parc Morazan où joue deux fois par semaine une très bonne musique militaire de soixante-cinq exécutants, organisée et dirigée avec beaucoup de zèle et de succès par M. Jean Loots, premier prix du Conservatoire de Bruxelles.
Debout dans la rue, des jeunes gens causent de longues heures avec des jeunes filles accoudées sur le rebord des fenêtres.
Sauf pour quelques bureaux ou les magasins nouvellement édifiés, toutes les maisons sont basses, à un seul étage, à cause des tremblements de terre, construites en briques ou avec des adobes faits de terre battue mélangée de paille hachée. Elles sont vastes, avec le patio espagnol et son petit bassin' entouré de fleurs et d'arbustes. Elles ont toutes une salle de bains ou de douches, cimentée ou carrelée. Cet usage fort ancien existait bien avant l'arrivée des Yankees que l'on prend 'trop volontiers pour les seuls dispensateurs du confort et de l'hygiène. Par contre, les hôtels laissent à désirer et il est question de former une société costaricienne pour la construction et l'aménagement d'un hôtel répondant davantage aux exigences actuelles des voyageurs.

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        De différents côtés, au-dessus du plan uniforme des maisons, s'élèvent des édifices importants : la bibliothèque, le musée où sont réunies d'intéressantes collections d'antiquités costariciennes classées avec beaucoup de soin et d'ordre par le secrétaire actuel don Anastasio Alfaro ; la cathédrale, l'évêché et le séminaire, le palais du gouvernement où se trouvent les différents ministères, le bureau de Statistique, que l'on peut citer 'comme modèle, sous la direction de don .Manuel Ara¬gon, et la salle du Congrès ornée des portraits de tous les présidents de cette république, la fabrique nationale de liqueurs, l'hôpital et la Banque de Costa Rica. Rappelons en passant que Costa Rica fut le premier pays de l'Amérique Centrale à établir une banque en 1857.
        Actuellement, il y a quatre banques principales placées sous le contrôle de l'État : Banco anglo costarricense au capital de 1.690.000 colons, Banco de Costa Rica 2.000.000 colons, Banco Mercantil de Costa Rica 2.250.000 colons, Banco Internacional de Costa Rica 4.000.000 colons. Outre ces quatre banques d'émission, il existe quelques banques privées, la plupart fort sérieuses. Le taux de l'intérêt reste malheureusement très élevé ; pour les prêts il varie de 9 à 12 p. 100 par an et parfois jusqu'à 18 et 24 p. 100 dans les époques de tension. Par contre, pour les dépôts les banques donnent ; à trois mois 2 p. 100 et à six mois 4 p. 100, à un an 5 et 6 p. 100.
        Accompagné du général Romin, un ancien officier belge, auquel le Costa Rica doit l'organisation de l'armée et de la police, leur discipline et leur bonne tenue, j'ai visité la Peniteneiaria, une nouvelle prison bâtie sur une éminence un peu en dehors de la ville. C'est un bel édifice solidement construit, avec un système central de surveillance, et où tout' a été calculé avec soin pour l'hygiène générale et la propreté des détenus. Tous les couloirs sont carrelés et chaque cellule a son water-closet à siphon et un lavabo.
        Dans les casernes que nous avons parcourues ensuite, 'On retrouve ce même souci de l'hygiène, de la propreté et de l'ordre. En principe, tous les citoyens de la République doivent le service militaire de dix-huit à cinquante ans; mais en pratique, seuls, les jeunes gens de la campagne sont appelés tour à tour à passer deux mois dans les casernes où on leur donne une sommaire instruction militaire. Vifs et intelligents, ils se débrouillent très vite, et ces deux mois d'exercices sont suffisants dans ce pays paisible où, comme le disait avec fierté M. le Ministre des Affaires étrangères, il y a plus d'instituteurs que de soldats.
        On donne en effet un soin tout particulier à l'instruction publique non seulement à San José, mais dans tout le pays, où le moindre village est doté d'une école primaire, et les agglomérations plus grandes d'un lycée. L'enseignement secondaire est également très bien organisé ; on en a même peut-être trop élevé le niveau ou chargé les programmes, et cela peut devenir un danger.
        L'école des jeunes filles, l'Escuela superior de Senoritas, est fort bien installée dans un vaste bâtiment avec des salles claires et bien aérées. L'uniforme, comme il convient, est simple mais gracieux : une jupe bleu foncé, une chemisette blanche avec des raies bleues, un chapeau de paille noire à larges bords, rehaussé d'un ruban jaune.
        Pour les jeunes gens, ils ont le lycée.
        En face se trouve l'Escuela normal. Ce sont deux édifices importants ; construits en pierres de taille apportées de Cartago, i.ls étaient destinés par le président qui les avait fait édifier à servir de maisons de correction. L'instruction et l'éducation données dans ces mêmes locaux en ont rendu l'affectation primitive inutile. Là encore les salles sont vastes, avec de larges fenêtres laissant pénétrer l'air et la lumière. Il y a des bains, des lavabos, une piscine, d~ l'eau filtrée. Le cabinet de physique est fort bien installé et les professeurs s'efforcent surtout de donner une instruction pratique et expérimentale. L'on a créé aussi une classe de travaux manuels, et cette innovation peut ponter des fruits très utiles en écartant certains jeunes gens des professions libérales, en leur permettant de se faire une situation plus en rapport avec leur condition, plus nécessaire à leur vie, en diminuant quelque peu la quantité formidable de medicos et de licenciados.
        Parmi tous ces édifices élevés dans la petite capitale de Costa Rica, ceux qui lui font le plus d'honneur sont le théâtre et l'asile Chapuis. Le théâtre est non seulement le plus beau de l'Amérique Centrale, mais il pourrait occuper la première place dans beaucoup de grandes villes, d'Europe. La façade principale avec ses grandes baies encadrées de fines colonnes ioniques est d'un bel effet. Le vestibule, orné de colonnades et de statues, flanqué d'une buvette à droite pour les messieurs et d'une à gauche pour les dames, donne accès sur un double escalier, peut-être un peu trop chargé de dorures. Celui-ci débouche sur le foyer aux vastes proportions, décoré de grandes glaces et de fines boiseries qui encadrent de belles fresques dues à un artiste italien.
        Malheureusement les troupes de passage sont rares; les 7 millions de francs que ce théâtre a coûté ne sont pas en rapport avec les besoins de San José. Il fallut pour les payer mettre un impôt spécial sur les exportations du pays et il semble qu'une telle somme eut pu être plus avantageusement dépensée en dotant la capitale d'une bonne eau potable ou la République de meilleures voies de communication. Mais je sais que ces choses sont partout discutables et que, selon les lieux et selon les circonstances, pour amener la création des unes ou des autres on peut commencer par les premières ou par les secondes.
        Quant à l'asile Chapuis, il mérite le titre d asile modèle, tant son installation est bien comprise. Le salon de réception possède un remarquable parquet en marqueterie exécuté avec soin par les ouvriers du pays. Il est fait de cèdre et d'acajou dont les essences abondent à Costa Rica. Tout le reste du bâtiment est à l'avenant ; les corridors, les salles, les cuisines, tout est d'une propreté irréprochable.
        L'éclairage, qui est obtenu par le haut, est à la fois doux et bien distribué. On compte environ 35 p.100 de guérisons. Les ma1ades ont de grandes cours entourées de galeries. Les aliénés paisibles sont tous occupé à des travaux, les femmes à la lessive, les hommes au jardinage. Le jardin joliment dessiné a des allées bien entretenues, bordées de haies de rosiers.
        L'asile porte le nom du curé Chapuis qui, m'a-t-on dit, fit don de tout le terrain sur lequel est bâti San José ainsi que de la Savane, vaste plaine aux confins de la ville, à laquelle aboutissent les, tramways et où les Jeunes gens peuvent se livrer à tous les sports en face d'un panorama admirable.

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        De tous côtés, dès que l'on sort de la capitale, s'alignent en files régulières les plantations de café. Ce fut pendant longtemps, avant, la culture des bananes, la grande et unique richesse du pays. Le premier plant de café fut planté en 1796, importé de la Havane ou de 'la Martinique par Francisco Xavier Novarre. Mais ce n'est qu'à partir de 1840 que les plantations commencèrent à .se développer, lorsque le gouvernement prit l'initiative .de mettre en vente certains terrains municipaux, avec la condition expresse qu'ils seraient plantés de caféiers. Les pieds sont disposés en longues allées, à un intervalle de 2 mètres à 2 m.50 l'un de l'autre. On peut faire une première petite récolte au bout de trois ans. Par la suite chaque arbuste produit environ 450 grammes par récolte. Une plantation soignée donne une moyenne de 12 à 15 quintaux, parfois 18 et 20 par manzana, c'est-à-dire par 70 ares environ.
        Aujourd'hui on évalue à 30.000 hectares la superficie des plantations de café réparties entre 250 propriétaires environ, qui exportent annuellement de 14 à 15 millions de kilogrammes. En 1905, année exceptionnelle, il a été exporté 18.047.539 kilogrammes représentant une valeur de 19.420.820 francs, et en 1997, 17.264.482 kilogrammes.
        Le beneficio (installation mécanique) le plus important test installé à la porte de San José et appartient à une maison française de Bordeaux, H. Tournon et Cie. Ce fut elle qui, sous la firme Le Quellec, vers 1860, fit les premiers voyages avec des voiliers dans le but d'importer en Europe les cafés de Costa Rica. C'est elle qui, la première, eut l'idée de traiter les cafés comme on les traite à Porto Rico et à la Jamaïque. Alors qu'avant 1880 le café de Costa Rica, mal préparé, figurait parmi les sortes inférieures, il vient aujourd'hui en tête des sortes les plus fines et se consomme presque exclusivement à Londres.
        La préparation du café, telle qu'elle se pratique ici, comporte deux opérations principales, la partie humide et la partie sèche. Une eau courante transporte les baies à une première machine, despulpador, décortiqueur, qui enlève la première enveloppe extérieure. Le grain toujours charrié par l'eau est ensuite déversé dans' des canaux en briques à (ciel ouvert divisés en compartiments. Le café par sa pesanteur tombe, et Ia grosse enveloppe est emportée par le courant. Il est ensuite étendu au soleil dans de grandes cours cimentées où on le laisse jusqu'à ce qu'il soit complètement sec. Un appareil le débarrasse alors d'une seconde 'enveloppe qui a l'aspect du parchemin. Enfin le pulidor, composé de deux cylindres à surface rugueuse marchant en sens inverse, lui enlève une petite pellicule (épisperme) qui recouvre chaque grain. Un classificateur trie le café selon la grosseur et la forme en première deuxième et troisième qualités. Certaines fèves ne donnent qu'un seul grain rond, c'est ce qu'on appelle le caracolillo.

        Le cours moyen du café de Costa Rica est au Havre :

Sans être lavé. . . . . de 78 à 81 fr. le quintal
Lavé. . . . . . . . . . . . de 82 à 89 _ _ _ _ _ _

à Londres et à Hambourg de 75 francs à 81 fr. 25, les 50 kilogs, environ. Le droit d'exportation sur le café est de 1/2 centavo de colon, soit 0 fr, 036.

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        Tout le plateau est ainsi cultivé jusqu'à Hérédia et Alajuela, capitales des provinces du même nom, que je suis allé visiter en compagnie de mon ami don Roberto Brenes Mesen, le jeune et intelligent sous-secrétaire à l'Instruction Publique. Nous nous rendons à Hérédia, sur ces petits chevaux du pays, qui ne payent pas de mine, mais qui sont d'une résistance extraordinaire et dont l'allure spéciale, l'amble, permet de rester de longues heures en selle sans se fatiguer. Nous suivons la grande route carretera de Cartago à Puntarenas, ouverte aux premiers temps de l'Indépendance, car ici tout date de cette époque, rien,pour ainsi dire, n'ayant été fait par les Espagnols.
        Tout le long du chemin, on aperçoit à chaque instant, un peu en retrait de la route, de petites maisons isolées, flanquées d'un auvent, entourées d'un jardin planté de bananiers et de cannes à sucre. La propriété est extrêmement divisée. Chacun a son champ, son verger, sa modeste plantation de café, un cheval, une paire de bœufs avec son chariot aux roues pleines, toujours propre et peint dé couleurs vives. Tout autour de la maison picorent de nombreuses volailles, grognent de gros porcs noirs. Dans de telles conditions, une révolution n'est certes pas à craindre.
        En passant, je remarque un détail caractéristique des mœurs paisibles des habitants. Sur les murs sont encore collés les placards bleus des dernières élections « Viva Jimenez », et, près d'une ferme, quelques canards blancs barbotent dans la boue, les ailes encore bleutées d'un maquillage temporaire appliqué par un jiméniste enthousiaste. Heureux pays où les passions politiques se manifestent de cette façon amusante et aimable.
        Heredia, à l'époque de sa, fondation, en 1751, comptait à peine cent maisons, la plupart des simples huttes. Grâce à la fertilité de son sol et à son climat excellent elle s'est rapidement développée au détriment de sa voisine et rivale, la ville de Barba, l'une des plus ancienne, du pays. Elle compte aujourd'hui 7.000 habitants, possède plusieurs églises, un marché couvert fort bien approvisionné et un lycée très renommé. M. Brenes Mesen, qui en fut le directeur pendant plusieurs années, voulut bien me fournir d'intéressants détails sur l'instruction publique à Costa Rica qu'il connaît parfaitement et à laquelle il a rendu de réels services; il me dit les difficultés qu'il rencontra au début, sa lutte pour faire accepter le développement intelectuel de la femme. On craignait qu'avec l'instruction elle ne s’émancipât trop, alors qu'il voulait seulement la rendre plus apte à gagner sa vie, la mettre en: garde contre le danger qui existe partout pour elle et plus encore dans ces pays tropicaux.
        A ce sujet il me rappelait ce sage proverbe castillan :
                                      Entre santa y santo,
                                      Pared de cal y canto.
        « Entre une sainte et un saint, il faut un mur de aux et de pierre. »

        Heredia est le grand centre de la vente du bétail. Un marché s'y tient tous les mercredis et j'y ai vu de fort beaux animaux. Beaucoup sont élevés dans la république même, mais une grande quantité est importée du Nicaragua pour être engraissée ensuite dans le pays. En effet, il s'en faut de beaucoup que la production soit en rapport avec la consommation locale, puisqu'il manque en général de 12.000 à 15.000 têtes de bétail par an.
        Un novillo maigre vaut de 30 à 40 colons, un gras de 60 à 70 colons. Le bétail de boucherie se vend environ 18 centavos de colon le kilog ; un novillo gras donne environ 350 kilogs.
        Un peu à l'ouest se trouve Alajue1a reliée à San José par une ligne de chemin de fer de 21 kilomètres. Elle compte environ 5.000 habitants. Jadis très prospère à cause de sa situation intermédiaire sur la route du Pacifique, elle est quelque peu déchue. Elle renferme pourtant de beaux édifices, le cuartel construit par le célèbre président, le général Tomas Guardia, l'Institut national et sa cathédrale avec une coupole immense. Un essai intéressant y a été fait : la création d'une école professionnelle de jeunes filles où celles-ci apprennent à fabriquer des chapeaux de panama avec une plante qui pousse dans le pays et que l'on appelle tica.
        En face de la gare, au milieu, d’un jardin, se trouve une satue élevée à l'héroïque enfant d'Alajuela, au soldat Juan Santa Maria. Durant la guerre de 1856, l'armée du général Joaquin Mora avait poursuivi le flibustier Walker jusqu'à Rivas, dans le Nicaragua, près du lac de Granada. Walker s'était emparé d'un édifice important appelé le Méson de guerra, d'où il dirigeait un feu mortel sur les soldats de Costa Rica. Sans artillerie de siège, on ne pouvait songer à la reprendre, il fallait l'incendier, mais pour cela on 'manquait de projectiles. Voyant la nécessité de recourir à un moyen extrême, le général en second, don José Maria Cafias, se tourna vers ses troupes : « Mes enfants, leur dit-il, y a-t-il parmi vous un brave qui veuille risquer sa vie pour mettre le feu au Méson et sauve ; ses compatriotes? »

        Un soldat sortit du rang, Un Indien. Il dit simplement : « J'irai, mon général, mais je vous demande de ne pas oublier ma pauvre mère. » A la tombée de la nuit, le feu prit au Méson. Une balle frappa au bras Santa Maria qui courait, une torche à la main ; de son 'autre bras il reprit la torche et courut mettre ailleurs l'incendie jusqu'à ce qu'une autre balle l'étendît à terre, mort. Les flibustiers affolés S'enfuirent et la victoire resta à Costa Rica.

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        Jadis, avant que le chemin de fer de l’Atlantique ne fût construit, presque tout le trafic de Costa Rica se faisait par Puntarenas, sur le Pacifique, Les bateaux venant de San Francisco et les grands voiliers d'Europe doublant le cap Horn apportaient leurs marchandises à ce port. Elles étaient ensuite transportées par chemin de fer jusqu'à Esparta où s'arrêtait le premier tronçon de la ligne del Pacifico, puis par chars à bœufs jusqu'à Orotina, point terminus de l'autre tronçon partant de San José. Cette ligne n'a rien à envier à celle de l'Atlantique pour la beauté des paysages, l'audace de certaines œuvres d'art. On traverse deux profonds barrancas aux bords tapissés de verdure, puis on suit quelque temps le faîte de la vallée du Rio Grande. La végétation est moins abondante sur ce versant. Aux abords de la ville, sur le plateau, ce ne sont que cafetales ; ensuite viennent quelques rizières, puis la forêt où l'on exploite une grande quantité de bois, cèdre, guanacaste. A la Balsa, à trois heures environ de San José, un aimable Français, M. Vidal, a installé près de la voie du chemin de fer une scierie mécanique qui fonctionne fort bien. De Orotina à Esparta la route est large, bien tracée, mais les pluies torrentielles en rendent l'entretien fort difficile. Ici les maisons sont plus clairsemées, d'immenses territoires restent inexploités. Les marchandises sont amenées d'une gare à l'autre par de longues files «le chariots, au pas lent de leurs bœufs, ou à dos de mules qui trottinent gaiement par bandes de huit à dix, surveillées par deux arrieros. Près d'Esparta s'étendent de vastes prairies où paissent de nombreux bestiaux. Dans tout ce district proche du Guanacaste l'activité se porte sur l'élevage. Comme je l'ai dit, on l'importe du Nicaragua pour l'engraisser, puis l'expédier par terre au marché de Hérédia, Ce trajet nécessite quatre ou cinq jours.
        On passe le Rio Barranca sur un solide pont en fer, construit par une compagnie belge, et l'on débouche bientôt sur la mer qu'on longe sur une étroite bande de sable jusqu'à Puntarenas, le port principal de la côte du Pacifique, qui s'étend sur une longueur de 470 kilomètres. En 1875, ce port recevait la visite de 21 navires, dont 5 français, mais aujourd'hui on n'y voit plus jamais notre pavillon. En 1905 les entrées de navires furent de 71 avec 142.327 tonnes et les sorties de 70 avec 141.114 tonnes. Ses douanes, de 1856 à 1871, rapportèrent 1.350.697 piastres, de 1871 à 1876, 3.346.740 piastres, et durant les six, premiers mois de 1910, 304.207,83 colons.
        Le tronçon qui manquait vient d'être enfin achevé et la capitale est maintenant reliée directement au Pacifique par une voie ferrée. C'est une grande joie pour les Costariciens, d'autant plus grande qu'ils ont attendu davantage.la fin de ces travaux dont l'achèvement s'est fait si longtemps désirer.

        C'est en effet le 25 mars 1879 qu'un décret autorisait la construction du chemin de fer del Pacifico. Le projet devait relier San José avec le port de Puntarenas en passant par Esparta. En vertu de ce décret, le gouvernement nt construire la section entre Puntarenas et Esparta sur une longueur de 21 km. 726 pour la somme de 1.900.000 colons (environ 3.056.000 francs).

        Malheureusement, des influences politiques firent abandonner ce premier projet et, au lieu de Puntarenas, on choisit comme point terminus de la ligne le, petit port de Tivives. Le 6 août 1897 le Congrès approuvait le contrat passé entre le ministre de Fomento et don John S. Casernent pour la construction du chemin de fer al Pacifico entre San José et Tivives. C'est en vertu de ce contrat que furent construits les 69 kilomètres qui séparent San José et Orotina, autrefois Santo Domingo de San Mateo, et qui coûtèrent 6.744.058,74 colons.
        Mais le pays, à ce moment, subit une crise et le gouvernement dut résilier le contrat. Le 22 novembre 1905 le Congrès revenait au projet abandonné et accordait au pouvoir exécutif la faculté de continuer les travaux entre Orotina et Esparta, Le gouvernement reprit donc tous ces travaux et construisit, en partant d'Orotina, 15 km. 200, jusqu'à Las Huacas, au prix de 615.015,78 colons.
        Le mauvais temps, la rareté de la main-d'œuvre, les difficultés naturelles à vaincre vinrent une fois de plus arrêter les travaux en cours. Mais dès le début, on avait commis une faute grave. Au lieu de pousser les travaux d'un côté seulement, du côté de l'océan Pacifique par lequel on pouvait facilement faire venir le matériel, on voulut commencer à la fois du côté de Puntarenas et de San José. Le général Tomas Guardia lui-même regrettait la lenteur avec laquelle se poursuivait ce chemin de fer al Pacifico.
        « J'avais conçu la pensée, disait-il au Congrès. après avoir remis mes pouvoirs à mon successeur, de me constituer chef de deux mille ouvriers, qui, organisés militairement, auraient terminé le chemin en moins de temps qu'on ne t'a calculé en lui consacrant des ressources considérables, Mon idée était de supprimer toutes les garnisons militaires, d'emmener avec moi les chefs et les officiers et de les mettre à la tête de mes travailleurs. Si ma proposition est agréée, je puis vous assurer, Messieurs, que jamais je ne me serai cru plus grand qu'à la tête de mes travailleurs, ces soldats du progrès, cette année de la civilisation. »
        Le président éclairé dont le terme vient d'expirer, don Cleto Gonzalez Viquez, voulut combler cette lacune et relier les deux tronçons de ligne du chemin de fer qui existaient sur une certaine longueur à partir de chaque point terminus. En effet, 79 kilomètres d'un côté étaient construits entre San José et Cascajal et de l'autre. 22 entre Puntarenas et Esparta, laissant un espace d'environ 20 kilomètres pour joindre les deux tronçons, En juillet 1907, don Cleto obtenait du Congrès la nomination d'une commission d'ingénieurs pour étudier et déterminer la meilleure voie de jonction entre les deux portions de ligne déjà construites, et, en novembre 1907, le gouvernement confiait la conduite des travaux à un Américain, M. W. H. Knowlton, ingénieur principal adjoint au chemin de fer New York Central et Hudson River.
        La reconnaissance du terrain dura quatre mois, de décembre 1907 à avril 1908. L'idée première de réunir Cascajal, près de Las Huacas, et Esparta fut abandonnée à cause de grandes difficultés topographiques que présentait ce parcours, et il fut décidé de relier cette station de Cascajal à la station de El Roble sur la ligne de Puntarenas à Esparta, à peu de distance de Punta¬renas. Au lieu de 4.185 pieds de tunnel, on n'en avait plus que 1.500 et la distanœ était de 20 p.100 plus courte. Pour que Esparta ne perdît pas les bénéfices directs du chemin de fer, on devait reconstruire, mais d'une façon économique, la ligne déjà existante entre cette ville et El Roble et dont le mauvais état, les frais de réfection' avaient pu faire hésiter à la maintenir.
Le gouvernement, ayant approuvé les vues de M. Knowlton, signa avec celui-ci, le 4 septembre 1908, un contrat formel qui fut par la suite modifié, le 22 février 1909.
        Ainsi tracée, la ligne, de 19 kilomètres environ, comprenait comme travaux d'art une coupe importante à Matamoros, un pont d'une arche de 140 pieds sur la rivière Jesus Maria, le tunnel Cambalache d'environ 300 mètres de long, la corniche taillée dans le roc près de la mer, le tunnel Carballo d'environ 225 mètres de long, et le pont sur le Rio Barranca de trois arches de 140 pieds chaque. Toutes les pièces pour les ponts ont été fabriquées à Baltimore par « The Baltimore Bridge Works », tandis que les rails ont été fournis par la United States Steel C°. L'écartement des voies est de l m.20. L'estimation première des travaux qui figurait sur le contrat était de 1.069.684 colons, mais cette somme a été largement dépassée. Les travaux commencés fin octobre 1908 ne furent terminés qu'en août 1910 et la ligne ne fut mise en exploitation qu'à la fin de l'année. Malheureusement ces travaux n'avaient pas été exécutés avec tout le soin désirable et le trafic fut, par deux fois, interrompu durant de longues semaines pendant la réfection du tunnel de Cambalache et la modification de la corniche.
        A la suite de l'ouverture de cette ligne, le mouvement va renaître à Puntarenas et toute cette partie de la république de Costa Rica, quelque peu délaissée malgré sa fertilité, va reprendre un essor nouveau. Le pays tout entier d'ailleurs profitera de cette union directe de la capitale avec le Pacifique. Les frais de transport si coûteux vont diminuer, en même temps que vont disparaître les causes de dégâts trop fréquents et de retards prolongés quand les marchandises devaient subir deux transbordements et les secousses d'un long trajet dans des chariots à bœufs.
        Les touristes aussi pourront venir en plus grand nombre. Combien se laisseront tenter par la possibilité d'éviter la route brûlante et malsaine de Panama, les formalités d'une douane particulièrement tracassière, tout en faisant un voyage agréable et pittoresque. Beaucoup qui reculaient devant la fatigante chevauchée de cinq heures et la difficulté de conserver ses bagages avec soi, n'hésiteront plus maintenant à venir de Panama pour passer une saison à San José et à Cartago, respirer l'air pur des hauts plateaux au milieu d'un panorama admirable.

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        La petite ville de Puntarenas est située au bout d'une péninsule de sable, entourée par l'Océan et un large estero, où la pêche et la chasse offrent un passe-temps des plus agréables, en face de la baie de Nicoya, un des plus beaux panoramas que l'on puisse voir. La ville s'est faite pour ainsi dire elle-même, le gouvernement a peu contribué à son développement. Les rues sont larges et éclairées à l'électricité, et le terrain sablonneux a le double avantage d'absorber rapidement l'eau des pluies et de permettre à chaque maison d'avoir, en creusant un puits, une très bonne eau potable.
        Les habitants sont au nombre de 5.000 environ, dont 200 Chinois. Le gouvernement cherche à enrayer leur immigration, considérant que leur présence est un danger pour la race en même temps qu'elle est un maigre profit pour le pays, car ils économisent à outrance et envoient toutes leurs économies en Chine. Ceux qui partent ne peuvent revenir qu'avec un passeport, mais la fraude est facile et ainsi ils se renouvellent continuellement. D'ailleurs le peuple les voit d'un assez bon œil, car ils sont tous commerçants et ne font pas de concurrence à la main-d’œuvre, Ils sont plus accueillants que les commerçants costariciens et accordent plus volontiers du crédit. En outre, ils maintiennent les prix et empêchent la surenchère.
        Puntarenas a sa promenade le long de la plage ; elle est asphaltée, garnie de bancs en ciment et ombragée par une double rangée d'arbres. A gauche du quai d'embarquement des passagers et des marchandises est une jetée, avec un établissement de bains où un haut barrage de treillis permet de se baigner dans la mer sans crainte des requins très nombreux en ces parages. L'air y est moins saturé d'humidité que sur l'Atlantique et la brise qui se lève tous les après-midi en rend le séjour très agréable, surtout pendant la saison sèche, époque à laquelle les familles de San José descendent à la côte pour une temporada (une saison).
        Avec cette plage admirable, ce panorama superbe, Puntarenas, en Europe, serait une station à la mode. Les couchers de soleil et les clairs de lune y sont magnifiques. Dans le fond du golfe s'estompent les masses sombres Ides nombreux îlots et tout près se détachent d'une façon précise les plus grandes îles de Chira et de San Lucas.
        C'est dans cette dernière qu'est installé le bagne, où sont envoyés tous les condamnés, car la peine de mort est abolie à Costa Rica. L'entrée du presidio est dans le fond d'une baie délicieusement jolie. Un seul officier, aidé d'un sergent, de trois caporaux et de trente-trois soldats, y surveille deux cent cinquante prisonniers, dont soixante-huit homicides, la plupart Nicaraguens réfugiés ou 0 nègres. Ils portent comme uniforme une chemise et un pantalon bleu à bande blanche, mais aucun n'est retenu par des chaînes. Ils travaillent à travers l'île à des plantations de maïs et de canne à sucre ou dans des ateliers de cordonnerie, de menuiserie, jusqu'à une heure. Ils peuvent ensuite travailler pour eux-mêmes : ils fabriquent des guitares, des boîtes avec des incrustations de nacre qu'ils trouvent sur la plage. Le public est admis deux fois par mois et un médecin vient de Puntarenas le 1er et le 15 de chaque mois.
        Quand j'y suis allé, c'était un dimanche et la cour du presidio avait un aspect particulièrement calme.
        Les détenus se faisaient faire la barbe, couper les cheveux, jouaient ide la guitare ou de la marimba. Comme me le faisait remarquer le colonel qui me faisait aimablement les honneurs du bagne : « Vous voyez, nous avons plutôt l'air d'être dans la cour d'une hacienda. » Bien peu cherchent à s'enfuir; mais des sentinelles sont postées tout autour de l'île, et dans la mer, les requins se chargent, du reste, de faire bonne garde. On m'a cité pourtant certain général vénézuélien qui réussit à s'échapper trois fois.
        De petits vapeurs circulent régulièrement dans le golfe et remontent le Rio Tempisque jusqu'à une certaine distance. Ils relient ainsi au reste de la République Libéria, la capitale de la province de Guanacaste adonnée à l'élevage du bétail, et Nicoya, la ville la plus importante de cette presqu'île de Nicoya découverte en 1552 par Gil Gonzalez de Avila. Elle fut habitée jadis par les Mangues ou Chorotegas, les plus civilisés parmi les Indiens qui habitaient Costa Rica. C'est là, en effet, que l'on a trouvé dans des tombes de merveilleux ornements d'or et de céramique, des objets de jade et d'obsidienne, qui font preuve d'un goût supérieur et raffiné.
        C'est d'ailleurs en face de cette péninsule, sur là droite du golfe, près de Manzanillo, que se trouvent au milieu des montagnes, les riches mines d'or d'Abangarez. Elles appartiennent à une compagnie américaine qui y a dépensé environ 2.500.000 francs et y a installé un outillage de premier ordre pour le traitement de l'or par le cyanure de potassium. On y exploite plusieurs mines, Tres Amigos, Tres Hermanos, Boston, Espe¬ranza, et les chiffres donnés par le conseil d'administration indiquaient que les bénéfices apparents, de mars à juillet 1909, étaient de $ 176.934,19, c'est-à-dire environ 884.171 francs.
        Mais d'une manière générale les bénéfices sont beaucoup diminués par les frais énormes de transport des marchandises qu'il faut faire venir de Manzanillo au moyen de chariots à bœufs et qui restent souvent quinze jours et plus en route. Aussi est-il question d'un projet de construction de voie ferrée de la « United Fruit C° » dont le vice-président est aussi fortement intéressé dans les mines d’Abangarez. Il s'agirait de construire une ligne de San José, Liberia et à Punta Culebra, un excellent port naturel sur l'océan Pacifique. Ce serait certes fort intéressant pour cette région et aussi pour la riche vallée de San Carlos, dont le développement est retardé par le manque de communications.

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        Dans ces conditions, et par la situation du pays, toutes les aspirations de Costa Rica ne peuvent donc être tournées que vers la paix, qui lui permettra de développer de plus en plus ses ressources naturelles et d'attirer, en lui donnant confiance, le capital étranger, de préférence européen, nécessaire à ce développement.
        Tout récemment, le 23 février 1911, le Congrès approuvait dans toutes ses parties le contrat passé à Londres le 7 décembre 1910 avec M. Miner Cooper Keith de New York et qui réglait dans des conditions relativement avantageuses la dette extérieure de Costa Rica.
        La première dette extérieure de ce pays remonte à l'année 1871, lorsqu'il fit un emprunt de £ 1.000.000, à 6 p.100, garanti par les recettes douanières et les biens nationaux. L'année suivante, un second emprunt de £ 2-400.000 fut signé, au taux de 7 p.100, avec la garantie des impôts établis sur la vente des liqueurs, des tabacs, sur le café exporté et sur les recettes du chemin de fer.
        Le service de ces deux emprunts fut suspendu en 1874.
        En 1885 un premier arrangement fut conclu par l'entremise de M. Minor C. Keith. La somme de £ 4.810.812 à laquelle s'élevait la dette de Costa Rica, capital et intérêts, fut réduite à £ 2.000,000, portant intérêt à 5 p.100. Les nouveaux titres étaient divisés en deux séries A et B, et il resta convenu que le gouvernement payerait les intérêts à partir du 1er janvier 1888 et à la même date formerait un fonds d'amortissement de 1 p. 100 par payements semestriels. Pour les intérêts en retard qui se montaient à £ 649.428 pour le premier emprunt de 1871 et à £ 1.470.084 pour le second, des titres de la compagnie du Ferrocarril de Costa Rica étaient émis à raison de £ 22,10 en actions équivalentes à 100 livres des titres anciens. Les titres des emprunts de 1871 et 1872 devaient être conservés par le Conseil des Porteurs jusqu'en 1894 comme garantie de l'accomplissement de cet arrangement.
        Le coupon de janvier 1895 ne fut pas payé et un second arrangement fut conclu en 1897 par lequel le taux de l'intérêt était rabaissé à 3 p.100 pour la série A et à 2 1/2 p.100 pour la série B à partir du 1er décembre 1897. Les cinq coupons non payés: furent convertis en certificats à raison de 40 p. 100 de la valeur nominale, formant un total de £ 100.000 payables en vingt ans.
        Le service de la dette se fit régulièrement jusqu'au 1er avril 1901, mais la hausse du change et la baisse du café obligèrent le gouvernement à cesser ses versements. Il proposa aux porteurs différents arrangements dont aucun ne fut accepté par eux.
        En 1905, la maison Speyer et C°, de New York, faisait part aux porteurs de Londres du contrat qu'elle avait proposé au gouvernement de Costa Rica. Les porteurs en eussent accepté les clauses, mais le contrat jugé inacceptable par la commission chargée de l'examiner à cause de conditions offensantes pour la dignité du pays ne fut même pas présenté à la discussion du Congrès.
        Le contrat liquidait la dette jusqu'au 1er juillet 1905. Avec les intérêts accumulés, celle-ci s'élevait à la somme de £ 2.303.656,50 qui se divisait de la façon suivante :

                                        Capital des obligations A £ 525.000,00
                                                   _ _ _ _ _ _ _ _ B £ 1.475.000,00
                                              Certificat des intérêts £ 80.000,00
                                           Intérêts non payés du
                            1er avril 1901 au 1er juillet 1905 £ 223.656,50

        On devait émettre pour 11.500.000 dollars d'obligations, à 5 p.100$ 7.541.144 devaient servir au règlement de la dette (£ 2.303.656,50), plus la commission des banquiers (£ 97.500,00) et $ 3.958.856 au payement des obligations de l'Assainissement de Limon et d'autres fractions ide la dette intérieure.
        Ce ne fut que quatre années plus tard, sous la présidence de don Cleto Gonzalez Viquez, qu'un nouveau contrat fut passé avec la National City Bank, de New York. Comme celui de 1905, le contrat de 1909 prévoyait l'émission d'obligations en quantité suffisante (£ 13.250.000) pour le règlement de la dette extérieure et d'une partie de la dette intérieure. L'intérêt était de 5 p.100 et le capital devait être amorti en cinquante ans.
        Le contrat de 1909 devait liquider la dette, capital et intérêts, au 1er octobre 1909. A cette époque la dette extérieure s'élevait à £ 2.527.312,10 et elle eût été réduite à £ 1.500.000. Les obligations de l'Assainissement de Limon et du Ferrocarril al Pacifico devaient être réglées avec le surplus des nouvelles obligations.
        Ce contrat présenté au Congrès dans une session extraordinaire en août 1909 fut rejeté et le président actuel don Ricardo Jimenez, alors président du Congrès, prit une part prépondérante dans les débats qui aboutirent à ce rejet. Aussi, dès son arrivée au pouvoir, celui-ci s'occupa-t-il spécialement du règlement de la dette extérieure qui, au 31 décembre 19IO, s'élevait à £ 3.175.000. Un contrat était conclu à Londres le 7 décembre 1910 avec M. Minor Cooper Keith, de New York, et approuvé par le Congrès de Costa Rica le 23 février 1911.
        En voici les clauses principales :
        Le banquier (M. Minor Cooper Keith) accepte d’aider la République à subsister à ses dettes extérieure et intérieure :

        Dette extérieure de la République :

        Certificat représentant les coupons payés     £ 80.000
        Obligations A à 3p.100…………………...£ 525.000
                 -        B à 2 ½ p.100………………..£ 1.475.000
          Intérêts jusqu’au 31 déc. 1910…………..£ 513.093

         Dette intérieure :

        Obligations de l'Assainissement de Limon col. 1.013.000 des obligations nouvelles dans les conditions suivantes :
        La République de Costa Rica fera une émission d'obligations dénommées « obligations nouvelles or 1911 », jusqu'à concurrence de £ 1.617.200 ou $ 7.859.592 en monnaie or des Etats-Unis d'Amérique.

        Les dites obligations seront datées du 1er janvier 1911, payables le 1er janvier 1958 ou avant si le gouvernement le désire. Ce remboursement sera fait au moyen d'un fonds d'amortissement cumulatif, portant intérêts, payables par semestres, au taux de 4 p.100 les dix premières années et de 5 p.100 les années suivantes. La valeur de chaque obligation sera de 100 livres. Les obligations et les coupons seront exempts de contributions de toutes classes. Le premier coupon sera payé le 1er juillet 1911.
        Afin de protéger la République et les porteurs d’obligations contre des émissions excessives, chaque obligation sera légalisée dans une forme spécifiée avec la signature d'une corporation, banque ou personne responsable, nommée à cet effet par Je Banquier, et aucune obligation sans cette légalisation ne jouira des bénéfices du contrat ni ne participera aux sécurités données par celui-ci. Mais toute obligation légalisée comme il est indiqué sera considérée dûment émise et participera aux bénéfices et sécurités ici stipulés.
        La République remettra au Banquier £ 1.617.200 en obligations nouvelles qui lui serviront en échange pour acquérir et éteindre les dettes de la République de la façon suivante :

               £ 525.000. . . . . . . . . . . Obligations A
               £ 1.475.000. . . . . . . . . . Obligations B

ainsi que les intérêts arriérés et les certificats représentant des Coupons non payés et aussi 1.013.000 colons en obligations d'Assainissement de Limon et payer les frais nécessités par ces opérations.
        En outre de ladite somme de £ 1.617.200 en obligations nouvelles, la République peut émettre des obligations additionnelles jusqu'à concurrence de £ 382.800. A quelque époque que la République désire émettre ces obligations additionnelles, elle doit donner au Banquier l'opportunité d'acheter celles-ci aux conditions aussi favorables que la République le désire. Au cas où le Banquier refuserait de les acheter dans un laps de temps de soixante jours après avoir reçu l'offre par écrit de la République pour la vente de ces obligations, la République aura le droit de les vendre à d'autres, mais au même prix que celui offert au Banquier.

        Devoirs du Banquier. - Comme il s'entend que le Banquier a obtenu le consentement d'une grande partie des porteurs des obligations des séries A et B, une réunion du Conseil des porteurs d'obligations étrangères sera tenue aussi tôt que possible à Londres, agissant de concert avec le représentant de Costa Rica pour accepter d'une manière formelle les termes spécifiés; cette acceptation doit être exprimée par écrit et envoyée au Banquier comme à la République. En conséquence, l'arrangement une fois approuvé, le Banquier prendra à sa charge de faire immédiatement l'échange des obligations anciennes contre les obligations nouvelles. Les obligations anciennes seront détruites. Le Banquier pourra établir des agences à Costa Rica et à l'étranger pour cette transaction, mais au cas où toutes les obligations de la dette extérieure et celles de l'Assainissement de Limon ne seraient pas présentées pour être échangées, le Banquier garderait en réserve une quantité suffisante d'obligations nouvelles pour couvrir celles-ci d'après les conditions sus-énoncées. Le 1er janvier 1913 le Banquier rendra à la République toutes les obligations nouvelles qui auraient été conservées dans ces conditions et qui n'auraient pas servi pour l'échange avant cette date.
        La République remettra au Banquier tous les documents et renseignements nécessaires pour faciliter l'admission de ces obligations à la cote des marchés de New York, Londres, Amsterdam, Berlin et Paris. Tous les frais afférents aux arrangements passés pour le service des coupons ct l'admission à la cote seront à la charge de la République.

        Fonds d'amortissement. - Pour le paiement des obligations nouvelles, la République créera un fond d’amortissement qui égalera le 1 p.100 par an sur la valeur nominale de toutes les obligations émises. Les sommes reçues par le Banquier pour le fonds d'amortissement seront employées par lui ou par la République a 1 achat au pair des obligations nouvelles offertes sur les marchés publics.
        Les tirages au sort pour le remboursement des obligations: se feront à New-York deux fois par an à partir de mai 1912.
        La République a le droit d'augmenter sans limites le fonds d'amortissement avant ou après le 1er Janvier 1912.

        Garantie des obligations nouvelles. - Le capital et les intérêts des obligations nouvelles, le paiement du fonds d’amortissement et les frais que comporte le service des obligations et des intérêts seront repris en première ligne sur les recettes douanières de la République jusqu’à ce que ces obligations nouvelles soient complètement payées. Ces sommes seront versées à M. John M.Keith résidant à San José de Costa Rica.
        Le Banquier doit toujours avoir, quand se fait Je paiement semestriel des intérêts, au moins les cinq sixièmes 'de la somme correspondant au paiement suivant, sans compter le fonds d'amortissement.
        Si la République manquait pour un motif quelconque pendant trente jours à l'accomplissement de ses engagements, le Banquier aurait le droit d'exiger et la République serait obligée d'accepter l'établissement d'une agence douanière qui serait une compagnie, une banque ou un individu responsable, désigné par le Banquier. Cette agence douanière aura l'autorisation exclusive de créer et émettre des certificats de douane dans la forme stipulée à l'annexe C.
        « Par la présente, il est certifié que la quantité de colons...(de valeur non inférieure à 46 l/2 centavos monnaie «les États-Unis) a été payée par-devant l'Agence douanière établie par le contrat du règlement de la dette de la République de Costa Rica signé le 7 décembre 1910, et ce certificat est admissible pour ladite somme en paiement de tout droit dû à la République pour les importations et exportations. »

        La République convient que tous les droits douaniers, reçus ou payés pour les importations et exportations, seront payables seulement avec ces certificats pour leur valeur nominale à partir du jour où sera établie Agence douanière. Ces certificats seront émis par émissions successives de deux cent cinquante mille colons et devront, pour être valables, être légalisés par le Ministre des Finances ou telle personne désignée à cet effet par le Président de la République. L'Agence douanière devra donner une caution de $ 100.000 or, fournie par une compagnie de cautionnements offrant toutes les garanties de responsabilité, incorporée d'après les lois d'un des États des États-Unis et possédant un capital au moins égal à un million de dollars.
        Des quantités reçues par la vente de ces certificats douaniers, l'Agence douanière devra retenir et remettre promptement 1 au Banquier, chaque mois, les sommes nécessaires au paiement des intérêts, au fonds d'amortissement et aux frais occasionnés par le contrat, et dans le temps stipulé pour ces paiements par le présent contrat. Au cas où une quantité d'argent suffisante ne serait pas reçue et remise par l'Agence douanière pendant n'importe quel mois, la République s'engage à remettre immédiatement et directement des fonds suffisants pour couvrir la différence et éviter un manque quelconque de paiement des intérêts, du fends d'amortissement et de toute autre de ses obligations prévues par le contrat. L'Agence douanière fournira à la République des renseignements complets sur l'émission des certificats douaniers et permettra à l'officier du gouvernement, nommé par le Président, d'inspecter ses livres et les comptes ayant trait à l'émission et à la vente de ces certificats.
        Le Congrès a autorisé également le pouvoir exécutif à négocier un emprunt à peu près égal au montant de la dette intérieure actuelle à un taux plus bas pour amortir cette dette et obtenir pour la nation un rabais considérable du montant des intérêts et des conditions d'amortissement qu'elle pourra facilement supporter.
        Le règlement de cette dette intérieure est d'une importance vitale pour le pays, car tout l'argent (10 000 000 de colons) que le gouvernement rendrait aux banques et à des particuliers serait mis en circulation et cette abondance d'argent aurait pour conséquence immédiate la baisse du taux d'intérêt. Or, celui-ci est actuellement très élevé (12 p.100) et entrave singulièrement le développement des ressources du pays.
        Celles-ci sont considérables et variées. Le climat tempéré et parfois même froid dans la partie montagneuse, sur le plateau central, est chaud dans les terres basses, près des côtes de l'Atlantique et du Pacifique, mais on ne peut dire qu'il soit absolument malsain, car quelques précautions d'hygiène suffisent à écarter tout danger qui, dans ces régions, provient trop souvent pour les étrangers de l'usage immodéré des boissons alcooliques.

        Le pays, essentiellement agricole, est malheureusement retardé dans son essor par la rareté de la main-d’œuvre : il pourrait nourrir des millions d'habitants et il n'en compte que 440 000 ! Une grande partie de son territoire est encore inexploitée. Indigènes et étrangers, tous se sont portés le long de la ligne de chemin de fer. De Puerto Limon à Puntarenas, seule une étroite bande de terre est mise en valeur et des milliers d'hectares aptes aux cultures les plus variées attendent les capitaux étrangers. Les Américains, les Allemands y ont déjà d'immenses intérêts, et il est à regretter que les capitaux français semblent vouloir ignorer ce pays.

        En effet, ceux-ci sont peu importants à Costa Rica où d'ailleurs nos compatriotes sont en nombre restreint. On n'en compte qu'une centaine disséminés dans tout le pays, mais pourtant quelques-uns ont su se créer une situation fort avantageuse avec des plantations de café, de cacao de bananes ou dans des banques.
        Au reste, la République de Costa Rica n'est pas le pays des grandes entreprises ; le manque de charbon, la rareté de la main-d'œuvre, le nombre restreint des consommateurs écartent actuellement la possibilité de manufactures importantes. Elles seraient obligées de se consacrer à l'exportation et se trouveraient dans des conditions défavorables pour lutter avec la concurrence. Par contre, pour subvenir aux besoins mêmes du pays, quantité de petites industries sont à créer, dans lesquelles un capital relativement restreint pourrait être engagé, semble-t-il, avec une entière sécurité.
        En outre, la province de Guanacaste dans presque toute son étendue, les plaines de San Carlos et des Guatusos, au nord de la province de Cartago, présentent d'excellents terrains pour l'élevage du bétail, et dernièrement le gouvernement costaricien a promulgué une loi destinée à favoriser l'élevage national par des primes accordées aux importateurs.
        Malgré la cherté de la, vie, due en gran.de partie aux droits de -douane qui viennent s'ajouter aux frais élevés de transport des marchandises, le mouvement commercial est très actif. La moitié du commerce total revient aux États-Unis, grâce à leurs communications fréquentes et rapides avec les différents ports du territoire. La France ne vient qu'au quatrième rang, après l'Angleterre et l'Allemagne. Nous vendons plus de la moitié des vins et liqueurs consommés il Costa Rica, c'est-à-dire près de 500.000 francs, Mais ce commerce est presque entièrement aux mains d'intermédiaires espagnols et allemands, par suite de l'absence de maisons françaises d'importation. Il est vraiment regrettable de penser qu'il n'y a pas clans toute la République un seul comptoir français vendant exclusivement des produits français.
        Les négociants de France auraient, semble-t-il, avantage à se syndiquer pour la vente des articles de Paris, des vins et liqueurs, huiles et conserves, de la parfumerie, des produits pharmaceutiques et de maints autres articles pour lesquels notre supériorité est universellement reconnue.

                                                       Commerce extérieur général du Costa Rica
                                                                              (en francs)

                                  Année.               Importations.               Exportations.              Totaux

                                   1901. . . . . . . .  20.317.012                  26.284.357             46.601.369
                                   1903. . . . . . . . 25.247.535                   36.500.905             61.748.440
                                   1905. . . . . . . . 24.410.264                   41.911.482             66.321.746
                                   1907. . . . . . . . 38.416.440                   46.920.252             85.336.692
                                   1909. . . . . . . . 31.535.167                   42.031.555             73.566.722


                                                            Commerce de la France avec le Costa Rica
                                                                                  (en francs)

                                                   Importation française                      Exportation du Costa Rica
                                                              au                                                       en
                                                       Costa Rica                                            France
                          Année
                           1901. . . . . . . .       1.042.125                                           587.775
                           1903. . . . . . . .       1.582.670                                           860.370
                           1905. . . . . . . . .     1.249.105                                           533.630


                                                             Pourcentage des Importations des principaux pays

                                                                                              1905      1906      1907      1908
                                              Etats-Unis d’Amérique. . . . . . 46,88%   48,49%  44,93%  46,50%
                                              Angleterre. . . . . . . . . . . . . . . .19,73%   21,71%  23,28%  22,78%
                                              Allemagne. . . . . . . . . . . . . . . .12,90%   11,20%  10,83%  15,05%
                                              France. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5,24%   4,99%    4,98%    7,77%

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Mise à jour : avril 2012
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